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Libération
Critique

Chaux les spatules

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publié le 21 juin 2000 à 1h41

Pour fêter le vingtième anniversaire de sa galerie spécialisée dans l'art océanien, Anthony J. P. Meyer présente une collection étonnante et unique de quatre-vingts spatules à chaux de la région Massim (en Papouasie-Nouvelle-Guinée). L'objet est pour le moins singulier puisqu'il s'agit d'une sorte de cuillère utilisée pour la prise du bétel. Ce narcotique euphorisant se mastique et se compose de noix d'arec (un palmier), du fruit ou de la feuille de bétel (une plante parasite grimpante au goût épicé) et de chaux obtenue par le brûlage de coraux et de coquillages. Pour éviter le côté astringent de la chaux et pour être efficaces, les différents composants doivent être mélangés dans la bouche, d'où la nécessité de ces cuillers sculptées (en bois ou en écaille de tortue), ritualisées et sacrées, magnifiques objets de prestige souvent dotés de pouvoirs magiques, qui constituent la forme d'art la plus courante et la plus connue des Massim. Comme en témoignent d'ailleurs parfaitement la qualité et la finesse de toutes celles ici réunies, qui proposent en outre une grande diversité de propositions plastiques. Abstraites ou figuratives, elles multiplient les motifs et les représentations anthropomorphes: motifs de pirogues, de plantes, figures animales et surtout humaines. Ces dernières sont en effet les plus nombreuses, avec récurrence de personnages accroupis dont le corps est essentiellement constitué des bras et des jambes avec coudes et genoux comme points de jonction.

Galerie M