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Libération
Critique

Les cabossés de la nuit

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publié le 22 juin 2000 à 1h42

Ce sont des images qui vont vite, se cognent, butent sur elles-mêmes. Des images de nuit déglinguées, accolées pour se tenir chaud. On distingue des visages féminins défaits, des chiens à tête de coyote, des hommes ivres, des bouches ouvertes sur des mots inaudibles, des chicanes de passage frontalier, des scènes de fellation. On est dans des bars paumés, des bordels, des cantinas, au Mexique, à Palerme, Gaza, Hambourg... Et peu importe, c'est d'abord la nuit. Parmi ces photos, il y a celle d'un homme au visage crayeux, un peu stupéfait comme s'il s'était pris par surprise.

C'est Antoine d'Agata, 38 ans, grand voyageur, auteur de ces clichés au fort contenu "autobiographique" et étoile montante de la photographie. Avec ses images floues, décadrées, tels des photogrammes de rushes jamais tirés ou écartés au montage, il raconte des histoires qui ont lieu hors champ, ailleurs, avant... et toujours, explique-t-il, "les mêmes obsessions: la route, la peur, l'obscurité, l'acte sexuel..."

La galerie VU expose dans le même temps des clichés de Mathieu Pernot, 29 ans. Pendant plusieurs années il a suivi des familles tsiganes de la région d'Arles. Un lent travail de mise en confiance. Il s'est en particulier intéressé à la famille d'un vieil homme déporté dans les camps nazis. Des clichés montrent des enfants à moitié nus jouant dans les trains de marchandise près de leurs caravanes. Et l'on frémit.

Galerie VU, 2, rue Jules-Cousin, 75004 Paris. Mo: Bastille.

Rens.: 01 53 01 85 85. Jusqu'a