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Libération
Critique

Willem Breuker Kollektief

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publié le 24 juin 2000 à 1h47

Fondé en 1973, à Amsterdam, en même temps que la compagnie phonographique indépendante BVHAAST, le Kollektief de Willem Breuker est assurément l'une des formations les plus emblématiques du jazz contemporain. L'une des rares, en tout cas, à s'être immédiatement émancipée de l'influence nord-américaine, afin d'imposer sa propre identité, strictement européenne, facilitant ainsi une autre approche, à la fois plus transversale et moins complexée, d'un genre alors extrêmement connoté. Initialement attiré par le free-jazz, tel que défini par Coltrane en bout de course, son disciple Archie Shepp et, plus généralement, toute l'équipe ESP (Albert Ayler, Ornette Coleman..), Willem Breuker n'en a pas pour autant renié sa passion pour le théâtre de rue, les orchestres populaires, les limonaires et autres carillons néerlandais. Au contraire : rassemblant tous ces éléments pourtant bien disparates, les mélangeant, les malaxant, les agglutinant, s'exerçant, bien avant la grande vogue informatique, à l'art élémentaire du "couper-coller", il est parvenu à créer une oeuvre absolument unique, à la fois revendicatrice (dès 1966, Breuker composait un oratorio sur les luttes ouvrières), digeste et bourrée d'humour. De part la diversité des sources dans lesquelles elle puise (outre les éléments hollandais déjà cités, Brecht, Kurt Weil, Gershwin, Ennio Morricone), la musique de Breuker ne cesse de s'enrichir et de se régénérer. Il est d'ailleurs intéressant de noter à quel point elle est restée vi