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Libération
Critique

A Paris, en plein désert

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publié le 28 juin 2000 à 1h51

Plus qu'une confrontation de points de vue, "le Désert" est une source de plaisirs qui rassemble aventuriers du XIXe et bourlingueurs du XXe siècle, grands reporters et artistes internationaux. Une oasis d'images (photographies, vidéos, films) en plein Paris, où l'on puisera selon ses attirances une vision strictement géographique ou purement imaginaire avec ombres poétiques dessinées à chaud. Parmi les voyageurs épris de figures humaines, l'explorateur Sir Wilfred Thesiger, né en 1910 à Addis-Abeba (à l'époque, l'Abyssinie), dont les photographies, grandes comme une main de Bédouin, décrivent avec une splendeur exaltée le raffinement d'un paysage de sable en noir et blanc. Comme si l'auteur des Arabes des marais avait réussi à théoriser l'immensité mathématique du désert, ses "visions nomades" qu'il classera ensuite dans d'extraordinaires albums en cuir noir dans son appartement londonien. Visiteurs d'archives, les Italiens Yervant Gianikian et Angela Ricci Lucchi, tous deux nés à Milan en 1942, proposent Visioni del deserto, un film fracassant d'intelligence, dédié à l'"Afrique, continent sans défense". Travaillant à partir des images d'une exploratrice française prises dans les années 20 en Algérie et en Tunisie, ils ressuscitent des visages et des attitudes, comme cette jeune Française tirant les cheveux d'un enfant arabe. Il faut voir les couleurs et les tonalités de ce film si beau qu'on voudrait le revoir éternellement en rêve.

En dessert: ne pas manquer les photograph