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Libération
Critique

Visitation d'Argerich

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publié le 28 juin 2000 à 1h51

Le dernier récital solo de Martha Argerich, au Carnegie Hall de New York en mars, fut un événement. Et pas seulement en raison du cours délirant du marché noir. Plus de vingt ans que "la lionne" argentine préférait s'effacer au sein d'un orchestre ou d'une petite formation

de chambre, ne concevant plus la musique que dans la "solidarité d'amis" comme Gidon Kremer ou Mischa Maïsky. Quelle que soit la configuration, ou le programme, Martha Argerich, rare survivante avec Brendel et Pollini de l'époque légendaire des Rubinstein, Horowitz, Michelangeli et Richter, sait toujours transformer ses douleurs en un piano urgent et vital, et continue de fasciner critique et public. Ce n'est pas avec Nelson Freire, son partenaire depuis les années 60, qu'elle donne son récital à deux pianos ce soir au festival de Saint-Denis, mais avec Lilya Zilberstein, la Russe géniale découverte par le monde occidental en 1987, invitée des plus grands chefs, de Christoph Eschenbach à James Levine, en passant par Claudio Abbado qui dirigeait les concertos de Grieg et Rachmaninov qu'elle a récemment donnés avec le Philharmonique de Berlin.

Ce soir, Martha et Lilya donnent un programme Mozart (Sonate en ré maj), Ravel (Ma mère l'Oye), Rachmaninov (Six pièces op.11) et Brahms (Sonate en fa mineur op. 34 b). Sa santé fragile contraint fréquemment Argerich à déclarer forfait la veille d'une performance.

A Bruxelles, le week-end dernier, elle était dans une forme éblouissante. On compte maintenant les minutes qu