A la croisée de l'économie et du plaisir, la vigne produit beaucoup de plus-value et pas mal d'ébriété. C'est aussi un immense "jardin" artistique. C'est sous cet angle du paysage culturel qu'une exposition à Bordeaux, initiée par Michel Guillard (l'Amateur de Bordeaux) et réalisée par Jean-Paul Pigeat (créateur du Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire), met en forme et en couleur les ceps du monde entier. Il y a beaucoup à déguster au gré de ces vendanges d'images: des échantillons de terre aux outils viticoles, des grandes conquêtes au christianisme, de terroirs en cépages, du pas du cheval au tracteur, de la taille au mildiou, des réclames aux étiquettes de vins. En contrepoint d'un Bordelais opulent ou de Vosne-Romanée enneigé, une photo de Guy le Querrec célèbre l'Alentejo portugais, sec, désolé. Mais le petit exercice réjouissant de cette expo est de se pencher sur les longues bandes de clichés miniatures qui racontent romanée-conti, châteauneuf-du-pape, riquewihr... Sites mythiques, portails de caves, cabanes typiques, architecture des domaines, ces centaines de petits tableaux, figuratifs ou abstraits, dessinent le bel art de vivre la vigne.
En marge de l'exposition, Bordeaux fête le vin. Cette manifestation a été voulue par Alain Juppé pour réconcilier la ville avec le vin qui la rend célèbre, les deux mondes s'étant longtemps superbement ignorés. Ce festival de trois jours se veut culturel, associant le plaisir du palais à ceux de l'oreille et de