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Libération
Critique

James Carter

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publié le 1er juillet 2000 à 2h44

"Quand on entend James Carter, on a un peu l'impression d'avoir affaire à un Johnny Hodges qu'aurait converti Ornette Coleman", écrivit un jour un critique musical du magazine People, peu après la commercialisation de l'album Jurassic Classics, occasion pour le jeune polysaxophoniste, alors basé à Detroit, de se mesurer à quelques thèmes maousses signés Monk (Epistrophy et Ask Me Now), Billy Strayhorn (Take the A Train), John Coltrane (Equinox), Sonny Rollins (Oleo) ou encore Clifford Brown (Sandu).

A l'époque, la comparaison avait prêté à sourire, car si James Carter revendiquait ouvertement, en matière de jazz libertaire, les influences conjuguées de Sun Ra et d'Albert Ayler (voire même de son employeur ponctuel Lester Bowie), à aucun moment il ne citait le nom de l'inventeur du free jazz parmi ses instrumentistes de chevet. Pourtant, la publication aujourd'hui d'un étonnant Layin' in the Cut, enregistré avec le concours de deux anciens membres éminents du Prime Time proto-harmolodique d'Ornette: le bassiste électrique Jamaaladeen Tacuma et le batteur G. Calvin Weston, transforme la remarque risible d'hier en authentique prophétie. D'autant que, pour compléter sa formation atypique, Carter a fait appel à un duo de gratteux épileptiques (Jeff Lee Johnson, ex-Decoding Society et Marc Ribot, ex-Lounge Lizard), accentuant ainsi un peu plus la ressemblance avec le modèle colemanien (basé, rappelons-le, sur le redoublement de chaque instrumentiste). Pourtant, la similitude s'arrê