Invitée de la cour d'honneur du palais des Papes il y a quelques années avec Café Muller et le Sacre du printemps, deux pièces majeures, Pina Bausch y a pris goût puisqu'elle y revient ce soir, en ouverture du 54e festival d'Avignon. La pièce proposée, le Laveur de vitres, date de 1997. Si la forme des spectacles de Pina Bausch ne varie guère depuis de nombreuses années - une succession de saynètes, une construction qui emprunte au music-hall -, leur portée est loin d'être toujours la même. Pour préparer le Laveur de vitres, le Tanztheater de Wupperal s'est transporté trois semaines à Hong-kong, avant d'y retourner pour la création.
Le résultat est souriant, émaillé de gags et de parodies (la descente à skis de la montagne de Fleurs, le palanquin-Mercédès, le passage du détecteur à l'aéroport...). Cette succession de cartes postales n'est pas que gratuite ; on peut y lire des nouvelles du monde, et de l'état émotionnel de la compagnie ; saluer ce nouveau chapitre de la recherche unique menée par la chorégraphe de Wuppertal ; regretter aussi que la gestuelle prenne si souvent le pas sur la danse, les interventions fulgurantes de certaines grandes figures de la compagnie (Dominique Mercy, Ruth Amarante...) n'en étant que plus frustrantes. Ce n'est pas faire injure à Pina Bausch que de qualifier le Laveur de vitres de spectacle en mineur. Il n'est pas interdit d'y prendre du plaisir.
Avignon (30). Le Laveur de vitres, m.s. de Pina Bausch, cour d'honneur du palais des Papes, 22h,