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Libération
Critique

Loin de la Volga

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publié le 11 juillet 2000 à 3h01

On a du mal à se figurer le grand port fluvial que fut Longueil-Annel, rival de Conflans parmi les hauts lieux de la batellerie.

A 80 km de Paris (et à 6 km de Compiègne, par l'A1), ce petit bourg était devenu un carrefour stratégique de la navigation. Dans les années soixante, il y passait encore quelque cent quarante péniches par jour. Actuellement, le rythme n'est plus que d'une quarantaine. La batellerie, ruinée par le rail et la route, reprend du poil de la bête pourtant. Mais avec de tout autres vaisseaux que ces petites péniches "Freycinet" qui ont animé pendant plus d'un siècle le paysage français: leurs dimensions (39,5 m de long sur 5,05 m de large) étaient façonnées, au centimètre près, sur le gabarit que le préfet homonyme avait imposé aux canaux de l'hexagone. Le marinier y vivait, jour et nuit, avec femme et enfants (attachés, dans leurs premières années, avec une corde pour ne pas tomber à l'eau). Mais beaucoup de péniches Freycinet ont été détruites et il n'est pas dit qu'on en verra encore dans vingt ans. La commune de Longueil-Annel en a racheté et restauré une, datant de 1936, ainsi qu'une petite maison de bateliers et en a fait les deux pôles d'un parcours autour d'un monde "hors normes". Dans la maison, des documents permettent de comprendre l'histoire des canaux, des écluses et des péniches depuis le temps où elles étaient tiré à bras d'hommes. Des projections ressuscitent l'épopée sociale des gens du fleuve (difficulté de la scolarisation des enfants, g