Si Eugène Atget (1857-1927), après un profond oubli, ne cesse d'être régulièrement honoré, c'est qu'il est devenu le pilier même de la photographie, une sorte de colosse de Rhodes français.
Une référence pour les historiens comme pour les photographes eux-mêmes qui, de Manuel Alvarez Bravo à Walker Evans, se sont emballés très tôt pour les documents de cet artisan d'un passé recomposé. A lui seul, il a mis tout Paris dans sa boîte noire avec une rare constance et ce regard ingénu que l'on trouve chez les zazous de l'art brut. A l'hôtel de Sully, repaire du Patrimoine photographique, sont présentés une série d'épreuves, dont certaines inédites, et chaque photographie, même dans son austérité, est comme un rayon de soleil qui venge de la pluie. Les boutiques avec leurs enseignes ouvragées, les quais de la Seine, un facteur, quelques intérieurs à la décoration gratinée, il y a toujours chez Atget cette idée d'une ville belle comme la campagne toscane, où chaque élément urbain semble être un détail de paysage. Certes, au début du siècle, Paris n'est pas encore embouteillé,
et le parc Saint-Cloud possède des arbres qui ressemblent à des sculptures. On peut aussi jeter
un oeil sur la mise en regard d'Eugène Atget
avec quelques photographes contemporains.
Rien d'essentiel.B.O.
Hôtel de Sully. 62, rue Saint-Antoine, 75004. Jusqu'au 17/9, de 10 h
à 18 h 30, sauf lundi. Rens.: 01 42 74 47 75.
Et un livre, «Atget, le pionnier», éditions Marval, format 24x34cm, 208 pp., 190 photographies, 390 F