Accrochées aux rampes bleutées de la piscine de Pontoise, non loin du boulevard Saint-Germain, les clichés d'Anne-Marie Vincent proposent un tour poétique de bassins désertés ou à l'abandon, en France (Paris, Grenoble ou Roubaix) et ailleurs (New York, Gabon). Cet été, l'exposition «Profondeur: 2,70 m» révèle son point de vue pointilliste dans les rares moments de répit offerts lors des périodes de nettoyage ou de restauration de lieux qui, d'ordinaire, fourmillent de cris, de pleurs et de clapotis. Fascinée par la manière dont la nature réinvente une seconde existence à ces immenses cuves, pour certaines laissées aux quatre vents, la photographe saisit les traces de vie déposées par le temps. Anne-Marie Vincent n'en est pas à son coup d'essai. Depuis sa plus tendre enfance, elle promène son objectif sur des sujets porteurs d'histoires. En 1998, sa première exposition dévoilait ainsi les vestiges de l'ancienne colonie portugaise de São Tomé, au large du Gabon. Pour cette exposition, le cadre nostalgique des parois de mosaïques jaune et bleu de la piscine de Pontoise, régulièrement sollicitée pour le tournage de publicités ou de films (on se souvient de Juliette Binoche plongeant dans une eau azurée pour le Bleu de Kieslowski), se prête donc parfaitement à la présentation de son travail. Profitant des horaires tardifs d'ouverture de la piscine, les clichés se découvrent aussi de nuit, à la lumière d'un éclairage délicat.
Piscine de Pontoise. 19, rue de Pontoise, 75005. Exposit