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Libération
Critique

Cinéphilie estivale à la dieppoise

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publié le 4 août 2000 à 3h12

Son nom est indissociable de l'étiquette de «pire réalisateur de tous les temps». Indissociable aussi de l'image de gentil marginal incarné par Johnny Depp dans le film de Tim Burton qui lui est consacré. Et en voyant la première oeuvre de Edward G. Wood Jr, Glen or Glenda (photo) diffusé dans le cadre du festival «L'été au cinéma» de Dieppe, on n'est pas déçu par les fameux mauvais raccords, par les dialogues qui se traînent et se répètent en boucles, par les scènes sans rapport entre elles (un troupeau de bisons entre des scènes de sadomasochisme soft et des images d'embouteillage sur une autoroute), par les décors pauvrissimes. Un film bric-à-brac où fiction et images d'archives s'entremêlent, sans toujours comprendre si c'est par manque de moyen ou par souci esthétique. Mais Glen or Glenda est avant tout un plaidoyer quasi impensable en 1953 en faveur des travestis et des transsexuels (Ed Wood lui-même aimait porter les pulls angora de sa femme). Le réalisateur prévient : «Vous êtes la société, ne jugez pas !». Mais ne semble pas gêné de juxtaposer à un argumentaire qu'il veut scientifique les apparitions du démiurge Bela Lugosi qui, entre deux crânes et un grimoire, lance des invocations pour le moins sibyllines : «Prenez garde au gros dragon vert assis sur votre seuil. Il mange les marmots, la queue des petits chiots et les escargots gras!». D'un air docte, il enchaîne les définitions («Pour le corps médical, le terme travesti désigne celui qui porte des vêtements de l