Un an et des poussières après la mémorable éclipse du 11 août 1999, on peut ranimer son goût des astres en allant au musée d'Orsay. L'exposition «Dans le champ des étoiles» revient sur cent cinquante ans d'exploration photographique du cosmos, des daguerréotypes de la Lune aux clichés rouges de Mars pris par un robot en 1997.
La photographie mettra du temps à s'imposer devant le dessin, plus précis, fait à partir de l'observation visuelle au télescope. Mais, face au noir de l'Univers, elle soulève de grands espoirs: ce que l'oeil humain ne voit pas, elle le pourra. En 1880, alors que sont pris les premiers clichés de comètes, l'astronome Janssen résumera cette ambition; la photographie doit devenir «la véritable rétine du savant». Chaque éclipse amplement médiatisée généralise le procédé. Les amateurs s'y mettront à leur tour, saisissant aussi bien le phénomène que les spectateurs qui, un numéro du journal l'Illustration en témoigne, sont bien loin d'être tous chaussés de lunettes spéciales.
On regarde l'éclipse, en 1905, dans le trou de son chapeau melon, à travers son parapluie ou reflétée dans l'eau d'un seau. Des images rompant avec le sérieux pédagogique des premières salles
de l'exposition, qui se termine par la présentation d'oeuvres d'artistes d'hier et d'aujourd'hui.
Pour rappeler que le mallarméen «ciel antérieur où fleurit la beauté» s'ouvre aussi à la métaphysique
et au rêve.
Musée d'Orsay. 62, rue de Lille, 75007.
Jusqu'au 24 septembre. Du mardi au samedi de 10 h à 18