Menu
Libération
Critique

La maison de poupée

Article réservé aux abonnés
publié le 16 août 2000 à 3h28

Le jeune homme est du genre charmant, et il a pour lui une constance dans la passion. Une passion pour une créature qui se vend de 59 F pour la Play Line, entendez la poupée avec laquelle un enfant peut jouer, à 2 800 F pour les collectors. Monomaniaque, Renan Rossignol n'en est pas moins philanthrope: dans une rue discrète du XIe arrondissement, il a ouvert à Paris un petit palais où poser ses glamoureuses Barbie. Ici s'alanguissent la Gay Parisienne, dont la robe ballon est copiée de Balenciaga, la Fashion Lucheon, tendance Chanel, ou encore la diorissime After Five, modèles créés dans les mythiques années 1958 à 1965. Gene, créée par Mel Odom, et dont le magasin détient l'exclusivité pour la France, est arrivée pour y fêter son cinquième anniversaire. Plutôt réservée aux adultes qui peuvent l'habiller, en respectant bien son histoire de star du cinéma des années 40 (comptez minimum 300 F.). Entrez, matez et surtout causez avec le sieur Rossignol. Demandez-lui, comme ça, que font donc les petites filles dans leur chambre avec ces créatures qu'elles collectionnent par dizaines. Il saura vous convaincre de la révolution qui a consisté à passer du pouponnage à ce jeu de rôles où la petite fille joue à s'initier au monde des adultes. Depuis Barbie, poupée de l'ère virtuelle avant l'heure, jouer au papa et à la maman se fait avec une poupée dans les mains, et n'allez pas croire que c'est malcommode. D'abord, le papa est parfait: Ken et sa belle gueule de niais made in USA (même