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Libération
Critique

Le Meccano, en général

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publié le 22 août 2000 à 3h36

Ne pas chercher à faire le malin. Quand on regarde des enfants qui se passionnent pour leurs jeux favoris jusqu'à en oublier qui ils sont, où ils sont (et bien sûr tout ce qu'on attend d'eux), il n'est pas facile de se faire une idée, une idée pas trop con, de ce qui les prend au corps et à la tête. Dire des bêtises, on peut, on doit, ne serait-ce que pour essayer un tant soit peu d'être au diapason des passions les plus bêtes, celles des bouts de chou, qui sont toujours au bout du compte les plus intelligentes, celles qui mènent aux rêves les plus durables et les plus poétiques, qui structurent un petit d'homme pour une vie.

On a l'air de se prendre au sérieux, là, mais on n'en mène pas large. Qu'est-ce qui scotche un môme de 6 ans devant l'écran mal éclairé d'un Game Boy au moment où des films en surround et des consoles aussi impressionnantes que pouvait l'être le Cinémascope de la Tunique (Henry Koster, 1953) envahissent la moindre chambre d'enfant? Qu'est-ce qui retient farouchement un gamin à ses Lego de base, ceux avec lesquels il ne cesse de refaire le même revolver, la même voiture, la même maison, à un détail près, sans s'en lasser, alors que Lego sort des fusées Star Wars à monter soi-même, infiniment plus minutieuses et plus réalistes?

Si on osait, sans se préoccuper des procès pédophiles, on dirait: qu'est-ce qui fait bander un enfant? Comme on n'ose pas, on se demandera plus modestement, à l'heure des marketing Disney ou Halloween, qu'est-ce qui pousse un môme à