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Libération
Critique

Voyage au bout du luxe

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publié le 23 août 2000 à 3h37

Oubliez l'hôtel Costes, Colette et dites 233. Rue Saint-Honoré, c'est le numéro porte-bonheur de la maison Goyard, «layetier emballeur, articles de voyage», malletier depuis 1853. Les bagages Goyard, les Japonais les connaissent moins bien que ceux de Louis Vuitton. Reste qu'ils fleurent bon les wagons d'époque de l'Orient Express et signent le voyageur de haut vol dans les casiers à bagages des premières classes. Que l'on ait ou pas les moyens de s'offrir l'un de ces articles de voyage, sacs de ville de l'élégante ou serviette souple du cadre sup', il faut oser pousser la porte de cette institution. Ne serait-ce que pour l'escalier en acajou de Cuba qui conduit à une petite exposition des reliques siglées Goyard. On peut ainsi y admirer l'inestimable bureau de voyage de sir Arthur Conan Doyle, le père de Sherlock Holmes; une malle ayant appartenu à madame Wallis Simpson, duchesse de Windsor, et bien d'autres trésors. Il y a deux ans, Goyard a changé de propriétaire. Loin d'enterrer les traditions maison, Jean-Michel Signoles (l'homme d'affaires esthète avait déjà donné un souffle nouveau à l'hôtel de la Cité, à Carcassonne) a ressuscité la fameuse toile de coton à chevrons enduite, emblème de la famille Goyard. Le motif ancestral a séduit en leur temps Sarah Bernhardt, Gary Cooper, Romy Schneider et Jean Renoir, avant de se retrouver aujourd'hui chez Madonna, Karl Lagerfeld et sous les mains expertes de ces messieurs de l'Académie.

Goyard. 233, rue Saint-Honoré, 75001. De 10