Né de la chair du China Club, le Fumoir emprunte au premier étage de son paternel, son ambiance et son atmosphère : toujours années 30, tendance prohibition (le comptoir magistral a déjà rayonné et offert sa superbe aux coudes-amis du Barney's, un speakeasy de Philadelphie, haut lieu de mal-vie et de débauche
de l'entre-deux guerres), trempée dans le bois précieux et le cuir fumant exhalant un exotisme postcolonialiste de bon ton. Car voilà, le Fumoir comme le China ne sont pas de ces lieux-concepts je-mange-des-nems-à-70-F- devant-un-bouddha-de-10-mètres-de-haut, même si le décor y est. Car cela fait des lustres que Walter, Charlotte et leurs associés conjuguent art de vivre et restauration (ils avaient ouvert la Mousson, à la Bastille). Entendez : c'est leur métier, comme certains sont chanteurs ou hommes d'affaires. Drivant le service, imaginant une carte inventive, cumulant les petits plus (quinze titres de presse quotidienne, backgammon, cartes, jeu de go à dispo, prêt et échange de livres l'après-midi 3000 ouvrages, 30 F de caution, de Dos Passos à Fitzgerald et Comte-Sponville dans la bibliothèque du fond, toilettes-boudoir comme au China Club), dispensant chaleur et intimité dans leurs deux lieux-bébés. Alors, bien sûr, il faut évoquer les propositions culinaires de ces hôtes de choix servies en continu : une soupe de moules au safran ou un potage de topinambours en ouverture, un saumon mi-cuit ou des lasagnes aux légumes, feuilletée aux épinards frais pour suivre