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Critique

Hortala, période destroy

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publié le 11 septembre 2000 à 4h12

Sous l'intitulé «Philippe Hortala, les années punk : 1980-1986», le musée de l'Abbaye Sainte-Croix, aux Sables-d'Olonne, consacre une rétrospective à ce peintre né en 1960 à Toulouse, où il décéda tragiquement dans son atelier en 1998. Dans le catalogue édité pour l'occasion, Benoît Decron, conservateur du musée et commissaire de cette exposition, se souvient de l'artiste comme d'un personnage «pléthorique, aux idées comme un chapelet de pétards». Pour preuve, cette sélection d'une centaine de pièces composée pour moitié de peintures et accompagnées d'une quarantaine de dessins, de quelques sculptures et gravures réalisées au rouleau compresseur, restituant parfaitement les sombres vertiges qui émaillent son oeuvre. Après deux acryliques de la série des Vitrines datées de 1980, où le jaune domine et structure le sujet, arrive le thème-étendard des Têtes-Yeux. La transition est de taille, puisque Hortala passe de la représentation d'un lèche-vitrines anodin à celle d'un nettoyage systématique de globes oculaires par des langues rouge feu. Oriflamme de sa propre révélation, ce surprenant «oculilingus» sera aussi décliné dans des sculptures de résine de polyester polychrome. D'autres toiles montrent une prédilection pour le détournement de scènes religieuses, zébrées de mots d'ordre rageurs post-punk, tels le célèbre «No Fun» d'Iggy Pop période Stooges. En effet, à l'époque de l'émergence de la figuration libre, l'artiste préfère emprunter des chemins de traverse moins roses et