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Libération
Critique

Girafe des villes

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publié le 14 septembre 2000 à 4h19

Habitué aux échanges avec l'Afrique depuis l'ère

du commerce des esclaves, le pavé nantais renoue

grâce à Royal de Luxe avec le continent noir pour

en importer la part de rêve que la ville apprivoise. Après

le géant «tombé du ciel» en 1993, dont le charme et les mouvements ont à nouveau séduit son monde en 1998, en compagnie d'un fils adoptif venu d'Afrique, voilà

une girafe presque vivante, découverte en pleine ville jeudi soir. Transportée sans «cou» férir ni pattes casser

dans un énorme colis postal, la bête est accueillie par

le jeune géant noir qui réalise, avec l'épisode précédent,

la continuité d'une saga imaginaire. Le lendemain, l'enfant titan se déplace dans les rues, alors que, à l'opposé, la girafe sort de sa caisse et parcours la savane urbaine. Avec ses regards émouvants, sa décontraction de ruminante haut perchée et son allure à l'amble, cette démarche qui lui fait lever en même temps les pattes

du même côté. Le ralenti de sa foulée mécanique est livré

par une magie de treuils et de poulies, agitée par une compagnie de servants soignant la coordination des mouvements. L'anatomie articulée de l'animal à peau de bois a été conçue en disposant les vérins aux mêmes points que les muscles des vraies girafes, dont les déplacements ont été étudiés sur des films et des squelettes.

Comme à son habitude, le metteur en scène du Royal, Jean-Luc Courcoult, garde jalousement le secret sur les péripéties et les développements poétiques de ce conte urbain qui verra un grand petit homme