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Libération

Abyme-moi

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publié le 15 septembre 2000 à 4h22

On imaginait un plaisir pervers de rentrée. Léger, certes. Celui d'avoir vu avant les autres, en pionnier, le tournage d'un film de Q sur le réseau. Puis de raconter, mutin, ce qu'on y avait vu et qui, déjà, n'existait plus. Fatale erreur. On s'est bel et bien confronté à l'interdit façon Web pendant qu'il en était encore temps, mais nous ne fûmes pas les seuls. Il s'agissait de suivre en direct la fabrication de Regarde-moi, un film de l'ami Francis Leroy, dépositaire séculaire d'une qualité porno qui a trop tendance à se perdre dans les méandres des circuits traditionnels et des orgasmes de l'instant. Le synopsis était là, mince comme un boyau de fennec, mais on sait depuis Deep Throat que l'important est ailleurs. Il est question d'une start-up, sans jeu de mot, de web-cam et de mise en relation homme-femme (avec ou sans «s»). «Une partouze universelle et virtuelle», dira une spécialiste de la question. Le tout devant être distribué en K7. Seulement ­ autres caméras, autres moeurs ­, était associé à cette aventure un autre tournage, celui d'un film sur le film, grosso modo. Une sorte de Nuit américaine nue. Comme le disait un harder dont le prénom nous échappe, avant une nouvelle pénétration anale: «Il s'agit bien d'une mise en abyme, si je ne me trompe.» Oui, cher acteur aux formes oblongues, seulement gaffe, le fond du gouffre n'est jamais loin.Cela s'appellera, au moment de la sortie, Focus, et il était donc possible d'en suivre le plan de travail sur site. A «nouvelle