Alors qu'on devrait détailler en priorité les dernières livraisons Bruckner de Boulez et Celibidache, l'état d'urgence musical est proclamé. Une arme seule peut, en cette rentrée, combattre le fléau de comédies musicales françaises qui menace la capitale: Love Duets de Richard Wagner (1813-1883)! Soit la scène III de l'acte III de Siegfried, et la scène II de l'acte II de Tristan und Isolde.
Par les fenêtres grandes ouvertes, les passants résignés aux croassements de Céline Dion, se prennent un ouragan de legato qui les propulse à cent mètres de haut, manquent de s'évanouir à chaque embrasement dynamique déclenché par la baguette d'Antonio Pappano, avant de chuter vertigineusement dans un vide de jeu vidéo. C'est que le latino Domingo a des couilles, déjà de s'être imposé dans ces rôles tellement allemands. Certains discutent encore son Lohengrin avec Solti, son Tannhauser avec Sinopoli, son Parsifal avec Levine. La voix n'a pas la roideur de l'épée wagnérienne? Sensualité fauve naturelle, raffinement d'orfèvre belcantiste, n'empêchaient pas son récent Sigmund pour Teldec, et son Parsifal à Salzbourg d'être terrassants d'autorité. Ici, il assure un Siegfried super héroique et un Tristan déchirant.
Face à lui, Deborah Voigt, Brünnhilde et Isolde parfaitement distribuée: moyens vif argent de blonde, passion de brune. Une soprano capable de rivaliser en panache avec Placido, mais aussi de déposer un Heilig schied sie aus walhall flottant comme un ruban de cristal au milieu des ve