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Libération

Canul'art

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publié le 22 septembre 2000 à 4h37

L'idée avait de quoi séduire les médias friands d'infos croustillantes: un réseau mondial de parcs d'attractions pour honorer nos morts, modifier notre rapport à la grande faucheuse et ringardiser d'un coup cimetières et crématoriums. Saugrenu, surprenant, limite choquant, le projet, intitulé The Final Curtain («le baisser de rideau»), disposait depuis deux ans d'une vitrine sur l'Internet. Business-plan et conseil d'administration, e-mails des dirigeants, objectifs stratégiques d'autant plus crédibles qu'exorbitants (concurrencer Disney à l'échelle mondiale), présentation des futures attractions artistiques et du merchandising afférant, le tout à la gloire des morts et de la modernité.

La presse n'y a vu que du feu, des grands quotidiens aux magazines spécialisés (Los Angeles Times, Washington Times, Daily Telegraph, Yahoo Internet Life, Eye...), chacun y allant de son commentaire amusé ou moralisateur sur la dernière marotte de l'entertainment à l'américaine. Pendant près de deux ans, aucun titre n'a poussé l'investigation jusqu'à rencontrer l'un des pseudo-responsables de cette start-up pas comme les autres... Au contraire, le tam-tam médiatique a renforcé la crédibilité du projet. Des capitaux-risqueurs et des investisseurs plus classiques ont cru renifler la bonne affaire. Jusqu'à la justice qui s'est fendue d'un rappel à l'ordre officiel aux webmestres, les enjoignant de déposer un dossier en bonne et due forme aux autorités compétentes avant d'aller chercher d'éventuel