Menu
Libération
Critique

Indians' lover

Article réservé aux abonnés
publié le 4 octobre 2000 à 5h02

Pendant douze ans, Edward Sheriff Curtis (1868-1952) frappa à la porte de la Société du serpent, réunion d'initiés Hopis qui dansaient pour faire venir la pluie. Il fut finalement le premier Blanc accepté . Une sorte de Légion d'honneur pour un photographe acharné (50 000 clichés, trente ans de travail) des premiers Américains. Comment photographier un Indien qui va mourir ? Comment photographier un «peuple» en train de disparaître ? Curtis sacrifia tout à l'entreprise, perdit sa femme, la santé et finit dans la misère. A l'époque où il parcourt les Etats-Unis en tous sens pour réaliser ses clichés ­ à partir de 1899 ­, les Indiens sont défaits, parqués, marqués par le souvenir proche du massacre de Wounded Knee et n'ont pas le droit de pratiquer certaines cérémonies rituelles. Curtis photographie tout, en anthropologue naïf, toujours soucieux de restituer la beauté de ce monde en perdition, n'hésitant pas devant la mise en scène: portraits en costumes, avec masques, natures mortes, scènes de chasse, de retour de pêche, groupes à cheval... Ses portraits sont particulièrement émouvants, il y a de la sainteté dans ces visages de condamnés. On pense surtout à Chef Joseph, le Nez percé, qui mena une résistance exemplaire contre l'occupant blanc. Et qui se rendra avec ces mots célèbres: «Je suis fatigué de me battre. Nos chefs sont tués [...]. Il fait froid, et nous n'avons pas de couverture.

Les petits enfants meurent de froid. Mon peuple, certains d'entre eux ont fui vers les co