Ils s'appellent Pauline, Conrad, Gaspard ou bien Crasse-Tignasse... Nos dix doigts suffisent pour calculer leur âge. Ils sont encore jeunes, de la vraie graine de socquettes, et, pourtant, au panthéon de la cruauté et de la méchanceté, ces petits démons sont éternels. Garnements d'hier, enfants rois d'aujourd'hui, tout droit sortis du célèbre album pour enfants du bon docteur Heinrich Hoffmann Struwwelpeter, édité en Allemagne en 1845 , ces garnements aux visages d'ange prennent vie pour la première fois sur les planches grâce à la dernière création de la Compagnie de l'Artifice, Crasse-Tignasse. A l'entrée du chapiteau, une maxime met le jeune spectateur en garde: «A désirs extrêmes, punitions extrêmes.» Sept récits, petits bijoux de drôlerie et de cruauté, vont ainsi oeuvrer au salut de son éducation. Sept histoires d'enfants extrêmement désobéissants à qui il finit par arriver de sérieuses bricoles. Mais, à force d'excès, tant de morts et de drames basculent forcément dans la farce et le grotesque. On n'en peut plus de rire du malheur des autres. Après tout, ils n'avaient qu'à être moins bêtes. La morale de l'histoire? C'est qu'il n'y en a pas! Sauf qu'il est toujours agréable de voir un spectacle pour jeune public qui ose s'attaquer à la violence exprimée par les enfants, tout à la fois acteurs et victimes, en rappelant qu'il y a toujours des limites en face des désirs. Une véritable apologie du plaisir à déguster à tout âge.
Fontenay-sous-Bois (94). Salle Jacques-Bre