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Libération
Critique

Katia Saariaho ; Magnus Lindberg

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publié le 7 octobre 2000 à 5h12

Dans l'abondante création musicale contemporaine de Finlande, Kaija Saariaho (né en 1952) et Magnus Lindberg (né en 1958) jouissent de la plus grande notoriété internationale ­ mettons à part le cas Rautavaara. A écouter leurs dernier disques, il est toutefois difficile de saisir ce qui les rapproche, hormis leur talent et leur passage à l'Académie Sibelius, tant leurs esthétiques musicale sont antipodiques.

Saariaho a eu cet été le rare honneur de voir créer un opéra d'elle au Festival de Salzbourg. Son dernier CD donne aussi la première place à la voix, quoique plutôt en mode de Lied. L'allusion freudienne contenue dans le titre, From the Grammar of Dreams, permet de rappeler la question sans réponse: «que veut une femme?». A cela, Saariaho répond en chantant, ou, plus exactement en faisant chanter une femme, parfois deux.

Au delà des poèmes (soigneusement choisis) qui leur servent de texte, ces chants se déploient tous comme une exploration intime du chant féminin, évocation d'une jouissance subtile. Soie de l'en-soi, private gardens et autres châteaux de l'âme. Si ces pièces courent sur une vingtaine d'années de création, leur évolution stylistique est moins remarquable que la densification de leur affect. Saariaho a eu la chance de trouver en la soprano Anu Komsi, plus encore qu'une compatriote,une complice.

Magnus Lindberg, lui, produit une musique franchement extravertie, composée de grandes masses sonores en une sorte de néoconstructivisme monumental (significativement,