Rapprocher dans une même salle une toile de Stella de 1968 et des meubles d'Ettore Sottsass des années 80, c'est facile et risqué! Pourtant, ça marche. Les clins d'oeil que se lancent l'élégante cafetière Alessi et les reliefs de repas de Daniel Spoerri sont de même pertinents. Charlotte Perriand, Teleavia et Picasso se mettent bien en ménage; Giuseppe Penone et Gaetano Pesce aussi. Et le fauteuil Red and Blue de Gerrit Rietveld (1918 - 1923) est naturellement bien assis devant la Composition néoplastique no 5-1 de César Domela (1926). Le parti pris choisi par les commissaires, Jacques Beauffet et Martine Dancer, pour présenter, en regard des oeuvres d'art, la collection de design du musée d'Art moderne stéphanois (600 pièces) est justement de ne pas en avoir: les rapprochements passent par les couleurs, la datation ou la fantaisie...
L'autre exposition jubilatoire présentée au musée, c'est la monographie «Totem», le groupe lyonnais des années 80 qui a infligé de sacrés zigzags au design français. On aurait pu penser que l'impertinence, la polychromie et l'asymétrie des oeuvres de Frédérick du Cayla, de Jacques Bonnot, de Vincent Lemarchands et de Claire Olivès étaient définitivement datées. Vingt ans après, ces quatre petites mains rappellent qu'il ont su tordre les frontières entre art et design. Du tabouret Jupiter à la table Zigzag, tous les éléments qu'ils «surajoutent» ne sont jamais en trop.
Saint-Etienne (42). Musée d'Art moderne. «Le siècle du design»
et «Totem». La Te