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Libération
Critique

Photek

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publié le 14 octobre 2000 à 5h26

Il y a trois ans Rupert Parkes s'imposait comme le plus passionnant producteur de drum & bass.

A cent lieues d'un Goldie ou d'un Grooverider, ce petit Blanc sec impressionnait par son goût de l'abstraction. Dépouillée à l'extrême, sa jungle janséniste devenait d'une inquiétante froideur. Puis il n'a plus donné signe de vie. Il revient aujourd'hui.. marié, heureux, et décidé d'en finir avec cette image d'esthète spartiate qui lui colle

à la peau. Le changement est perceptible sans même avoir besoin d'écouter sa musique. Autant la pochette de Modus Operandi était déprimante autant celle de Solaris (faut-il y voir une référence à Tarkovski ?) est incandescente. L'album en lui-même est plus complexe. Photek s'est retrouvé dans la même impasse que Plastikman après Consumed.

Où aller quand on a atteint les confins de l'abstraction ?

Après deux titres de transition, dont le magnifique Terminus qui confirme qu'il est le seul capable d'écrire des rythmiques aussi tranchantes, il s'en tire par une pirouette géniale. En allant chercher Robert Owens, chanteur mythique des premiers tubes de Larry Heard, Photek invente une sorte de house garage névrosée, tout aussi glacée que ses productions précédentes mais bien plus riche. La rencontre entre ces deux univers antinomiques est passionnante. Surtout sur Mine To Give quand ils ne se cèdent rien l'un à l'autre.

Avec Glamourama, étude de la barbarie sur papier glacé

(cf. Bret Easton Ellis), Photek pousse le bouchon encore plus loin en laissant diss