Difficile de frimer à l'apéritif avec de vulgaires bretzels. Erreur! Ce gâteau est le descendant direct d'un pain solaire dont la composition alambiquée remonte à la période celte. En République tchèque, il existait même des «femmes bretzels» sous forme de sirènes, figures fantasmagoriques boulottées goulûment. Mais la recette a disparu avec sa dernière cuisinière. L'ethnologue Christine Armengaud a choisi d'exposer pains bénis, gâteaux figuratifs et autres nourritures ritualisées, fruit de vingt ans d'exploration des fourneaux domestiques européens. Une cuisine du divin héritée du fond des âges dont subsistent des ex-voto sexuels et autres effigies anthropomorphes. Ces icônes comestibles entretiennent le mystère de la création et s'offrent en réponses aux angoisses métaphysiques. Comme cette figure d'enfant qu'on avalait pour protéger le sien, ce phallus qu'on croque encore au Portugal lors de la fête des veuves, ces gâteaux érotiques des couvents siciliens.
«En Calabre, explique Christine Armengaud, j'ai rencontré une jeune femme atteinte d'un cancer du sein. Elle a suivi une chimiothérapie, mais ne s'est sentie rassurée qu'après avoir déposé un sein de pain d'épice sur le brancard de saint Roch.» Durant sept week-end, des artisans pâtissiers, issus des coins les plus reculés de l'Europe se rendent à La Villette pour exhiber leur savoir-faire. Ce soir, à 18 h 30, une conférence est organisée sur un thème appétissant en diable: «Manger son prochain».
Parc de La Villette Sud.