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Libération
Critique

Igor Stravinski

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publié le 21 octobre 2000 à 5h41

Depuis qu'il a séduit le public du Festival de Montpellier en régalant d'improvisations à la demande à l'heure des rappels, Fazil Say s'est imposé parmi les jeunes pianistes passionnants de sa génération, seul à faire chanter les différentes voix d'une partition mozartienne, pour en révéler l'essence opératique. Immature, racoleur, approximatif pour certains, bouillonnant, plein de sève pour d'autres, le natif d'Ankara écoula l'air de rien 30 000 exemplaires de son premier CD Mozart, avant de diviser la critique en publiant un CD Bach devant plus à Friedrich Gulda qu'à Rosalyn Tureck. Jamais orthodoxe, Fazil savait convaincre de phrasés et dialogues agiles, nimber de mélancolie ou d'un lyrisme discret un adagio. L'été dernier au Festival de Saint-Denis, Say se produisait avec son quatuor fusionnant jazz et influences ethniques. Evènement de cet automne, la publication d'un Sacre du printemps basé sur l'arrangement à quatre mains de Stravinski lui-même, mais faisant grand usage des couleurs et attaques du piano préparé à la John Cage, et de touchers infiniment différents afin d'obtenir le rendu le plus orchestral possible. A première écoute, l'exercice en solitaire peut sembler vain. Le respect assez scrupuleux des notes et nuances de la partition originale, donne surtout envie de la réentendre jouée par un orchestre. Mais on finit par se laisser fasciner par la façon dont après Mozart et Bach, Say s'approprie Stravinski, utilise la technologie multipistes pour recréer ce bra