Menu
Libération
Critique

A la poursuite du rayon vert

Article réservé aux abonnés
publié le 25 octobre 2000 à 5h46

En remontant de nuit, en voiture, entre Seine et Champs-Elysées, c'est comme l'appel d'une frisure de lumière, un rayon vert, une danse mouvante sur la pierre, qu'on capte du coin de l'oeil et qu'on n'a pas le temps d'analyser... Intrigué, on revient le lendemain, en plein jour, devant le Petit Palais, pour découvrir la décoration dont l'a parée l'artiste italien Marco Nereo Rotelli, à l'occasion des fêtes d'automne. Une théorie de miroirs verticaux, sertis de noir, comme de rigides oriflammes optiques. Un hommage, dit la «légende» de l'installation, au poème de Baudelaire intitulé l'Horloge. Bof, pourquoi pas? Mais quand la météo est plate... Quand même, à cause de ce rayon phosphorescent, entr'aperçu, on revient de nuit.

Et là, c'est magique: sur la façade fantomatique, un trait de laser lance les jambages abstraits d'une écriture poétique, nerveuse comme la plume, qui mord silencieusement la surface minérale, se crispe, se tord en arabesques, rebondit, entame une frise de graffitis, s'assouplit en spirale liquide, disparaît, remonte en éclosion de lucioles... Le cycle, sur fond de halos imprimés de caractères typographiques, épuise un peu de sa féerie dans la répétition mécanique, toutes les dix minutes.

A deux pas, il y a les néons des Champs-Elysées, les flamboiements de la roue du millénaire des Tuileries. Et cette danse griffue, gratuite et solitaire d'un faisceau luminescent y ajoute de la beauté, de l'étrangeté. Que disait-il, déjà, ce poème qui parlait de secondes et