Menu
Libération
Critique

Arts du feu et de la casse

Article réservé aux abonnés
publié le 25 octobre 2000 à 5h46

Tout casser pour recoller les morceaux? Dès la deuxième salle de l'exposition «Présence de l'objet» s'entassent des pièces montées de porcelaine blanche brisée. Anne et Patrick Poirier ont fracassé tasses, théières, assiettes, rassemblé les morceaux, avant de recuire le tout. Ce chaos poétique illustre bien le pari de Nestor Perkal, architecte-designer et directeur du Craft de Limoges (Centre de recherche sur les arts du feu et de la terre) depuis 1993: redonner une image contemporaine à la céramique, réactiver sa dimension artistique, «revendiquer la pertinence de l'objet dans l'oeuvre d'art». Dans la continuité d'une histoire ­ tantôt conflictuelle, tantôt très riche ­ entre l'art de la porcelaine et l'industrie limougeaude, Perkal, le passeur, a essuyé les pâtes pour son luminaire Buis (1991, Artcodif). Depuis, nombres d'artistes et de designers ont craqué pour ce lieu de recherche et se sont mis au four avec deux céramistes à la prouesse chercheuse, Gérard Borde et Jean-Pierre Doucet. Parmi les 300 pièces présentées au Passage de Retz, quelques objets singuliers: le But de football de Wim Delvoye (1995), les WC de Javier Mariscal (1999), les céramiques sanitaires de Boris Achour (Contrôle, 1996), les Vasetti de Marco Mencacci (1999),

Jeu no 1, étonnant meuble en bois et porcelaine de Bécheau-Bourgeois, le pavillon Earth & Water de Ross Lovegrove (brique d'alumine et fontaine en carbure de silicium, 1999)... Mais la pièce la plus récente, la plus intrigante, c'est Anatomia