Avant Leni Riefenstahl, l'ex-cinéaste d'Hitler, George Rodger (1908-1995) s'attacha aux Noubas du Soudan, «peuple aimable et heureux, peu coléreux et prompt à sourire». C'était en 1947.
Un voyage thérapeutique après des années d'images de guerre et, surtout, la libération, avec les troupes alliées,
du camp de concentration de Bergen-Belsen. La Maison Robert-Doisneau présente une rétrospective de ce Britannique, cofondateur de l'agence Magnum. Rodger se fit d'abord connaître par ses clichés du blitz nazi contre l'Angleterre (1940). Il saisit des instants de calme précaire au milieu des décombres. Deux facteurs de Coventry ne trouvent plus les maisons où distribuer le courrier, un préposé à la défense passive téléphone d'une cabine rouge, miraculeusement en marche. Ailleurs, près de Douvres, un homme scrute le ciel à la jumelle, un chat ensommeillé à ses côtés, en attendant les raids. Rodger suit pour Life les Forces françaises libres en Afrique. Puis ce sera le Moyen-Orient, la Birmanie... et l'avancée des Alliés depuis l'Italie.
A Bergen-Belsen, il photographie les surveillantes du camp, des filles de 25 ans une ancienne coiffeuse, des ouvrières du textile, une ex-employée de maison. Des visages de «la banalité du mal». Traumatisé par tant d'horreur, il pense arrêter son métier. Viendra alors l'aventure de Magnum, l'Afrique, les Noubas, d'autres corps nus, mais bien vivants.F.F.
Gentilly (94). Maison Robert-Doisneau.
1, rue de la Division-du-Général-Leclerc.
Ouvert les mercredi