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Libération
Critique

Bien en boucher

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publié le 26 octobre 2000 à 5h48

Sur l'étal de Jean-Paul on n'équarrit pas de vaches brindezingues mais de la belle bête à bonheur dont le petit homme fort, ancien éditeur de pub, extrait d'appétissantes tranches de lecture. Une aubaine que la rue Monge ait logé il y a quatre ans, derrière l'enseigne du boucher, un tendron de librairie. Parfait intermédiaire entre le pharmacien de garde et l'épicier tunisien, le maître des lieux disserte sur ses coups de foudre de la rentrée littéraire, la Dernière Neige d'Hubert Mingarelli (Seuil) ou l'Hôtel Iris de Yoko Ogawa (Acte Sud), et raconte la vie de quartier, une petite musique du hasard qui l'empêche souvent de fermer avant 21 h 30. Le sieur Collet regorge d'anecdotes sur ses clients. Cet appelé en partance pour Metz à la recherche d'un bouquin pour occuper son sinistre voyage à qui il offrit un livre avant de recevoir moult remerciements et détails des misères des garnisaires, ces mères de famille qui lui confient leurs enfants pendant les courses ou encore cette vieille dame qui lisait des romans d'amour pakistanais. Et combien de fois a-t-il endossé la blouse du psy ? De quoi mesurer le fossé entre fantasmes et réalités d'un métier qu'il défend à coups de signatures (Sempé, Pennac ou Robert Solé), d'expositions (en tout genre sauf les photos de vacances) ou d'événements sur le Web (spécialisé multimédia). La boucherie possède l'un des meilleurs sites Internet du moment où l'on découvre, sous forme d'entretiens, de petites maisons d'édition comme Mutine qui pu