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Libération
Critique

Aram Khachaturian

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publié le 4 novembre 2000 à 6h13

L'hiver approche, saison des ballets. Pour rêver à domicile aux productions d'un autre âge du Kirov de Saint-Pétersbourg, Decca réédite les versions de référence de Spartacus et Gayaneh de Khachaturian (1903-1978), deux ballets créés par le Kirov en 1942 et 1957, et enregistrés en 1962 avec le Philharmonique de Vienne sous la baguette du compositeur lui-même. Mais pour ceux qui connaissent les vinyles d'origine par coeur, Evgueni Svetlanov, le chef de l'Orchestre Symphonique d'Etat de Russie, récemment remercié après 35 ans de concerts et gravures historiques pour la firme Melodia, propose un nouvel enregistrement de ces pages magiques (dont la fameuse Danse du Sabre), avec l'Orchestre du Théâtre du Bolchoï de Moscou. A 70 ans l'élève de Youri Chapourine et Alexandre Gaouk est avec Gunter Wänd, l'un des derniers géants capables en plus d'exactitude, d'inventer un véritable monde sonore, et de transformer une symphonie en odyssée spirituelle, en leçon d'humanité. Son CD Bloch l'an dernier confondait par la richesse et la sincérité de l'expression, cette façon de concilier âpreté du discours et miroitement des couleurs. On s'en serait douté, le Karajan russe n'allait pas se contenter d'exalter le charme folklorique ou fantastique des ballets de Khachaturian, puisant leur sève thématique et leurs rythmes endiablés dans la Géorgie natale du compositeur, et l'Arménie des origines. Une fois de plus il creuse les contrastes dynamiques, cisèle timbres et phrasés, dépasse la séductio