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Terres chercheuses

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Matières ancestrales, le verre et la céramique: sont revus et corrigés par les designers. Ils font exploser les formes et les textures, en confrontant artisanat et technologie.
publié le 25 novembre 2000 à 7h03

«La céramique porte en elle une espèce de vérité parce qu'on en fabrique depuis dix mille ans. Elle contient du temps», a énoncé le designer italien Ettore

Sottsass, lui qui s'est amusé de façon fracassante à en relire les codes, de colonnes en totems. Il a aussi réarchitecturé coupes et vases, à Venise ou à Sèvres. Les décorateurs et designers, de Lalique à Mendini, de Philippe Starck aux Radi Designers se sont évidemment toujours frottés au verre et à la céramique. Mais en 2000, qui rime avec nouveaux matériaux, haute technologie, «hyper objets», virtualité et rapidité, qu'est-ce qui peut bien pousser des créateurs de plus en plus nombreux vers ces matières ancestrales? Il y a certainement là un désir de renouer avec la mythologie attachée à ces artisanats, de déstructurer une «typique» surannée, de jouer avec la flamme pour «pousser à bout» des savoir-faire qui funambulisent entre haute compétence et extrême fragilité. Peut-être, aussi, un éloge de la lenteur dans cette coopération magnanime avec le feu.

Cet été, une exposition à Rouen, «Tours et détours», avait réveillé les couleurs de la faïence grâce à un jeu de piste malin entre pièces historiques et oeuvres contemporaines. Poursuivant leur sillon dans la terre cuite, Garouste et Bonetti exposaient en juin, à la galerie Néotu, une étonnante table de chevet Thor, concrétisée grâce à la performance à Angers des céramistes Armelle et Hugo Jakoubec. Les mêmes qui ont réalisé un autre tour de force avec un bon tiers des oeuv