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Libération

Le fooding, du flan pour la crème

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Contraction de «food» et de «feeling», ce terme définit un nouveau typede restaurant pour Bobos frimeurs. Salade zen, musique new age, service cool et addition salée.
publié le 2 décembre 2000 à 7h28
(mis à jour le 2 décembre 2000 à 7h28)

Automne 99. Alexandre Cammas, jeune critique gastronomique à Nova Mag, est au restaurant. Cheap, le restaurant. Les néons lui font le teint maladif, les banquettes en velours rouge froissent son costume Paul Smith. Il refuse de manger plus avant du steak tartare à la crème brûlée en écoutant Barry Manilow. Les serveuses, toutes sanglées dans le même uniforme, lui refilent de l'urticaire. «Comment améliorer ça?, pense-t-il. Eurêka, inventons une nouvelle façon de manger, avec joie et légèreté.» Le fooding est né. Alexandre est rudement content. Même si le mot fooding n'existe pas plus que parking ou lifting, inventions pseudo-anglaises qui désespèrent l'Académie!

Le fooding veut marier food (nourriture) et feeling (sentiment): soit l'art d'ingérer des nourritures terrestres avec spiritualité sur un fond musical planant. Le tout répondant à des critères à géométrie variable, (on est pas chez Dogma), qui savamment dosés donnent le précieux label. Démonstration: allez Au Georges (et non chez Georges, qui sent son boui-boui de chef-lieu de canton), situé au dernier étage de Beaubourg. Un ascenseur privé vous y mène, ça y est, vous êtes un VIP. Un maître d'hôtel traverse l'agora. Vous confie à une hôtesse sac à main en bandoulière, comme prête à partir. Vue panoramique, on vous fait tourner trois fois sur vous-même avant de vous trouver une table, pour deux. D'ailleurs, elles sont quasi toutes pour deux (excluant tablées de rugbymen et repas de communion).

Table en verre dépoli. On