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Libération
Critique

Un malade en famille

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publié le 2 décembre 2000 à 7h28

Pour sa première mise en scène, Arthur Nauzyciel a fait subir un traitement de cheval au «malade imaginaire» de Molière. Pour lui, c'est toute la famille d'Argan qui est patraque, la pièce étant elle-même atteinte des pathologies les plus diverses. Il l'attaque donc au scalpel, considérant la moindre réplique comme un organe à explorer. Ce n'est plus une suite de scènes mais un empilement de couches, ce dont témoigne le décor constitué de dizaines de panneaux japonisants qui pendent des cintres. Le résultat est étonnant : Molière y perd de la fluidité comique, mais y gagne, aux meilleurs moments, une complexité troublante, comme lors du duo Argan-Toinette de l'acte III («le poumon ! le poumon !») traité sur le mode d'un corps à corps amoureux. Nauzyciel s'intéresse aussi beaucoup à la dimension autobiographique du Malade, en intégrant à son spectacle un texte de Giovanni Macchia, le Silence de Molière, qui imagine les rapports entre l'auteur et sa fille Madeleine. Nauzyciel raffole d'ailleurs des jeux de piste familiaux, puisque son propre père et lui-même interprètent les rôles de Diafoirus père et fils. Il faut encore préciser que ce spectacle, créé à Lorient en mars 1999, est ici repris avec une distribution presque entièrement nouvelle.

Malakoff (92). Théâtre de Malakoff. 3, place du 11-Novembre. «Le Malade imaginaire et le Silence de Molière», m.s. d'Arthur Nauzyciel. Jusqu'au 6/12 à 20h30 (dim 17h). Tél. 01 46 55 43 45.

Tournée au mois de janvier à Cavaillon, Montauban,