C'est un ovni, intitulé «Trajectoires». Un nouveau style de polar, du genre «génératif et interactif», sur l'Internet. Au départ, une intrigue: 24 personnages reçoivent un mail d'un corbeau. «Il ne vous reste que vingt-quatre jours pour expier car, après, il sera trop tard...», menace l'assassin, qui a pour habitude de signer «personne» dans toutes les langues. A l'internaute de résoudre l'énigme, et vite. Sinon, les 24 têtes vont tomber. Loin du polar classique, le lecteur se retrouve dans un roman qui se régénère en permanence, où fourmillent les indices et les références littéraires (Joyce, Eluard, Irving ou Camus). Il devient lui-même un personnage secondaire, cible de mails vengeurs du corbeau. Il peut naviguer en mode chronologique, semi-aléatoire ou en libre. De toute façon, rien n'est linéaire. Une page lui présente Simon de Brissac, psychiatre à Fontainebleau (tout se passe dans le Gâtinais, région chère au coeur de l'auteur). Un forward, et le texte a changé. Brissac est allé se réfugier dans un autre coin du roman. Le texte évolue en permanence. Car «Trajectoires» se nourrit de générateurs de littérature, brevetés Jean-Pierre Balpe (1) depuis vingt-cinq ans.
Ses dictionnaires sont patiemment bâtis sur des thématiques et des rhétoriques précises. Si Balpe a imaginé la trame de l'histoire de Trajectoires en 96 pages fixes, ce sont ses étudiants de DESS du département Hypermédia Paris-VIII qui ont travaillé une année durant sur l'objet multimédia. Au finish, une esthé