Entre ambiance gâteaux au miel et doux encens, réminiscences d'un retour de Marrakech et bruissement d'une soirée culturelle parisienne, les Belles Nuits du ramadan réussissent à croiser un triple public de «cultureux», de «branchés» et de «communautaires». La formule éclectique est désormais de plus en plus exportée en province, voire en Belgique, à l'exemple de cette quatrième édition, centrée sur le foisonnement musical maghrébin et autres innovations rythmiques franco-maghrébines, quitte à passer par Londres ou Israël. Le DJ marocain U-Cef mixe, entre déférence décalée et audace salutaire, ses arabesques digitales dans la capitale anglaise, où il est établi depuis plusieurs années. Autre natif du Maroc, l'impressionnant vocaliste Emil Zrihan psalmodie des pyoutim (cantiques juifs) à la synagogue d'Ashkelon, sur la musique arabo-andalouse qui a bercé son enfance, tout en étant plus populaire pour ses chants profanes de la tradition marocaine et algérienne. Il réussit une émouvante interprétation de Ya rayah, le chant de l'exil du disparu Dahmane El Harrachi, popularisé par Rachid Taha. L'oecuménisme monothéiste s'élargit au Pakistan d'où viennent les frères Rizwan et Muazzam Ali Khan, détournés de leur vocation de champions de cricket par la force du qawwali familial, cette scansion vocale soufie universalisée par leur grand-cousin, le regretté Nusrat Fateh Ali Khan. Griot ardent de Haute-Egypte, les yeux définitivement éteints, Sheikh Ahmad Barrayn illumine son auditoire
Critique
Ramadan planétaire
Article réservé aux abonnés
par Bouziane DAOUDI
publié le 8 décembre 2000 à 7h41
Dans la même rubrique