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Libération
Critique

Cinq galettes des rois

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publié le 9 décembre 2000 à 7h50

Henri Salvador

Chambre avec vue (Source)

Il est l'illustration la plus évidente de ce syndrome Space Cowboys (versant hollywoodien du dicton: «C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes») qui ponctue la fin du millénaire. A 84 ans, Henri Salvador, en qui tout le monde s'accordait à voir un pitre préretraité, signe le CD le plus frais, le plus emblématique de l'année. Dosage subtil de jazz languide et de bossa crépusculaire, comme un ultime pied de nez à ceux qu'il enrôla un jour sous la bannière Faut rigoler, lui, le docteur ès mélancolies, qui reconnaît n'avoir jamais pu interpréter les Gens heureux sans pleurer.

Radiohead

Kid A (EMI)

C'était l'album de tous les dangers: antécédents glorieux, attente monstrueuse, rumeurs de dissensions, repli stratégique confinant à la paranoïa, volonté affichée de ne rien faire comme tout le monde... et bingo à l'arrivée. Thom Yorke et les siens parviennent à se sortir du traquenard qu'ils avaient eux-mêmes en grande partie ourdi en envoyant valdinguer les guitares pour convier l'auditeur à une odyssée électro prog' (comme on disait jadis rock prog') ­ ou, autrement dit, l'art paradoxal d'enclencher la marche arrière pour garder une longueur d'avance! Un onguent mercuriel d'autant plus précieux que passablement délétère et qui ne dévoile ses propriétés qu'au fil des applications.

Johnny Cash

American III: Solitary Man

(American/Columbia)

Troisième (et dernier?) volet d'une série d'American Recordings testamentaires débutée en 1994.