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Libération
Critique

Sélection disques 2000

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La rédaction a voté : dans le club des cinq champions, Henri Salvador et Radiohead l'emportent. En garçons d'honneur: Cash, Macias et Idaho.
publié le 9 décembre 2000 à 7h50

Des ronds dans l'eau fait fondre les filles, un couple quadra chic se pâme sur Aime moi, l'institutrice de La Bastide-des-Jourdans chantonne Jardin d'hiver à la maison... Couronnée par l'exemplaire Chambre avec vue d'Henri Salvador, notre sélection de l'année a quelque chose de bien. Edifiante sans être tout à fait consensuelle, repli risqué sur valeurs sûres, elle vient signifier que l'échantillonnage Coué techno-rap jeuniste a des limites. Et le goût aussi. Vieux c'est mieux semble le premier message de ce scrutin 2000 amorti: Cash mourant; Macias argenté; Salvador octogénaire. Quelles vies. Tout est là: patine du temps et du métier.

Encore faut-il nuancer. Johnny Cash «reprend», avec le smart ténébreux qui lui est propre, la new wave (U2, Nick Cave...) en production sonique épurée. L'Enrico des popotes dégourdit son répertoire roro au laminoir électronique à renvoyer la jeune garde raï au rayon des antiquités funk. Et Salvador le titi guyanais, adoubant au passage les Prévert & Kosma de l'année, sort son dernier «tour de manège avant l'hiver» samba-jazzy, qui démode l'easy-listening ou approchant downtempo, sur le label lancé Source, entre At The Drive In et Phoenix.

Pour ceux qu'agacerait malgré tout cet accord majeur vermeil, restent deux retombées vaguement jeunes: le déviant Radiohead et son électro-planant anxiogène anglais; ou le lancinant Idaho, «écriture du désastre» rock en autoproduction paupériste Bel Air pour une poignée de veilleurs planétaires transis.

Total: f