Ils se sont rencontrés un mercredi à Toulouse. Comme deux copains après l'école, ils ont passé l'après-midi à écouter des disques. Résultat, Denis Badault, ex-directeur de l'Orchestre national de jazz, provoque l'idée d'un spectacle basé sur l'improvisation. «Chiche !», lui répond Eric Lareine, baladin blues-rock dont les écorchures intérieures le poussent, depuis une dizaine d'années (trois albums), aux marges de la chanson.
Dans une ambiance feutrée de cabaret
new-yorkais, Duo Reflex n'a du calme que l'apparence du décor. Ce qui se joue là est un orage éclatant sous la puissance débridée et véloce de Denis Badault, pianiste free, contemporain qui s'offre en jeu de miroirs aux libertés de la commedia dell'arte, sans partitions, avec pour seul canevas les déstructurations verbales de l'ancien charpentier Eric Lareine. «Les textes sont venus en quinze jours après une longue période de rétention, à pleins bouillons.» Voilà harmonisés les propos d'un «acarien» qui revendique sa différence identitaire, la déclaration funambulesque faite à Marie-Pierre Planchon, la «belle inconnue» de la météo marine sur
France Inter, ou le vénéneux Conte pas pareil, de Jackie Berroyer. Chez Lareine, le sourire enfantin a de faux airs d'amabilité. «Denis m'a appris à exprimer différemment la violence. Regarder longuement une personne dans les yeux avant de lui déclarer doucement : "Je te déteste", perturbe plus qu'un torrent d'agressivité.» Formé à la danse et au théâtre d'Antonin Artaud, il vit, au