Peu se souviennent que le divin acteur Pierre Clémenti, astre noir éteint il y a un an (le 28 décembre 1999), était aussi cinéaste, auteur d'autoportraits en forme de buvard, d'un psychédélisme nocif, rehaussé, absorbant et tout compte fait éternel. Ressorti de son épisode carcéral haschischin dans les geôles de Rebibbia, celui qui, de Visconti à Buñuel, de Garrel à Pasolini, allait de crucifixions en errances, passait le cap des seventies transformant son allure de Brummel hargneux en celle d'un mystique du désert : cheveux de Christ, nu comme un ver, rendu au monde, mâchant la terre entre ses dents.
Il se met, pour deux décennies, à tourner, frénétiquement, accumulant du matériel, le montant quand bon lui semble, quand une page du temps présent lui donne le sentiment d'avoir été tournée. Ses corps lovés les uns dans les autres cherchent l'incandescence du rock, brassent de l'utopie au kilo dans un montage hurleur. Angélique, Clémenti décrivait ainsi ses velléités de cinéaste : «Les ailes me sont poussées pour m'envoler, te chercher, te prendre.» Il y eut Visa de censure,
puis New Old et Soleil : films traversant le ciel des années 70
en souvenir prégnant des années Marc'O-Rock chaud, Coupole-Marrakech reprenant les choses là où l'éphémère et flamboyant Etienne O'Leary, mixant agit-prop et Screamin' Jay Hawkins, les avait laissées en 1968. La Cinémathèque les réunit enfin ce soir sous l'enseigne chic des «Kamikazes de l'amour». Et voilà, nous ne sommes plus qu'à quelques encâb