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Libération

Le courrier électronique

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publié le 15 décembre 2000 à 8h03

Vois-tu Mamie, plus tu as vieilli, plus tu as gagné en vitesse et pourtant tu n'as finalement pas bougé de ton fauteuil. C'est ça le progrès du Net: de moins en moins d'efforts pour toujours plus de rapidité. Prenons l'exemple du courrier électronique: jadis, il fallait un préposé des Postes Télégraphes et Télécommunications avec des mollets comme ça et des biceps de fort des halles pour t'apporter le catalogue des Armes et Cycles de Saint-Etienne, tandis que, maintenant, un ado blafard avec les épaules en forme de bouteille Perrier peut te proposer par courriel des milliers d'articles.

Et, quoique dénutri à la pizza express, il n'est même pas essoufflé. Ce qui est formidable, avec le courriel, c'est que tu peux écrire partout dans le monde. Dans les minutes qui suivent, ton correspondant reçoit ton texte. Tiens, souviens-toi de Papi, quand tu étais sa marraine de guerre pendant ses quatre ans de stalag. Si le courrier électronique avait existé, vous auriez pu vous écrire davantage! Papi aurait pu dégager du temps pour nettoyer sa cellule. Bilan: moins de différends avec ses geôliers, qui, du coup, auraient eu aussi l'esprit libre pour lire vos e-mails comme ça se pratique maintenant en entreprise. Tout le monde y aurait gagné! La guerre se serait déroulée avec moins de stress de part et d'autre. Vercors aurait fait circuler le Silence de la Mer en pièce jointe et il n'aurait pas subi la pénurie de photocopieuses. C'est trop bête si on y réfléchit. Bien sûr, tu n'aurais évide