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Libération
Critique

Naissance d'El Niño

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publié le 15 décembre 2000 à 8h03

John Adams est actuellement le compositeur américain le plus joué dans le monde. Découvert en 1979 au Festival d'automne, mais populaire en France depuis The Death Of Klinghoffer, inspiré des passions de Bach, et Nixon In China, aux accents ultramozartiens, ses opéras montés à l'Opéra de Lyon et à la MC 93 de Bobigny par un Peter Sellars idéalement complice. Difficile de le réduire au minimalisme et au courant répétitif dont il est issu en entendant ses orchestrations coplandiennes ou raveliennes virtuoses, ce motorisme stravinskien ébouriffant, cette polyphonie ligetienne jaillissant dans une grande structure mahlerienne, qui captivent les esprits les plus réfractaires à la musique classique en une seule écoute. Il manquait à ce natif du Massachusetts, réputé pour son refus de choisir entre Cosi fan Tutte, South Pacific, A Love Supreme et Abbey Road, de se mesurer au genre oratorio. C'est chose faite grâce à Jean-Pierre Brossman qui lui a commandé ce El Niño, la Nativité, offert aux Parisiens en création mondiale. Peter Sellars coauteur du livret et metteur en scène, a choisi de replacer le récit biblique dans l'Amérique d'aujourd'hui, «où les jeunes mères célibataires font l'objet d'un acharnement politique incroyable», et particulièrement dans la communauté latino ayant inspiré récemment son adaptation de l'Histoire du Soldat de Stravinski. Choeur imposant, interprètes, comme Dawn Upshaw, qu'on imagine charismatiques, technologie vidéo high-tech,

El Niño s'annonce comme l'