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Libération
Critique

Bill Evans

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publié le 16 décembre 2000 à 8h13

Chick Corea, qui n'a jamais brillé pour son altruisme ni pour son désintéressement, lui dédia un jour un thème: Waltz For Bill. C'est dire à quel point William John Evans, pianiste et compositeur né à Plainfield, New Jersey, le16 août 1929, a pu influencer nombre de ses confrères parmi les plus représentatifs. A commencer par Corea donc, mais aussi Herbie Hancock ou encore Keith Jarrett, trois de ses principaux successeurs au sein des diverses formations animées par Miles Davis, son employeur à la fin des années cinquante. Vingt ans après sa disparition prématurée, le 15 septembre 1980, à l'âge de 51 ans, Bill Evans est l'objet de toutes les références, de toutes les sollicitations. Son nom servant essentiellement de repoussoir aux nouveaux venus du clavier bien tempéré, bien que les jeux et touchers de ceux-ci n'aient souvent pas grand-chose à voir avec le modèle imposé. Ainsi, dans ces colonnes, telle appréciation positive de Brad Mehldau, le moins «évansien» pourtant de tous les pianistes contemporains, provoquera-t-elle une avalanche e-mail de protestations intégristes, sur le thème du: «Mon pauvre ami, vous frôlez décidément l'overdose de cérumen, Mehldau n'est qu'un sous-Evans de supermarché.» Jugement d'autant plus absurde que Mehldau, s'il est peut-être un «musicien de supermarché» (sa tolérance illimitée fait la grandeur du critique musical à l'ouïe prétendument déficiente) n'a absolument rien en commun avec le malheureux Evans, sauf peut-être un goût démesuré (et p