«Maman est un peintre qui ne voit pas très bien. Elle voit le monde comme à travers un petit tuyau. C'est à cause de sa maladie rétinienne progressive. Elle dit: "Je suis un peintre qui fait la plus petite peinture murale du monde".» Effectivement, il n'y a pas de blanc
dans les dessins au stylo Bic du peintre Ayako Suédomi. Tout l'espace est rempli comme si la main ne devait rien oublier de ce que capte l'oeil. Il n'y a pas de blanc, dans la vie non plus, le moindre grain
de sable contient un monde, et d'un rien, justement, Ayako n'a pas son pareil pour en faire une fresque. Toutes les peintures relatent, à la manière d'un journal intime, la vie quotidienne d'une jeune maman. Singularité: ce journal joue à être tenu par une petite fille de dix-huit mois, qui présente sa mère. Ayako Suédomi est atteinte de rétinopathie pigmentaire, une maladie héréditaire qui provoque la réduction du champ visuel jusqu'à la cécité complète. Aiguiser sa vue, guetter le moindre détail, «voir obstinément ce qui se dessine sur le tissu rétinien encore vivant»: telle est la tâche infinie du peintre dont témoigne son travail. Sous le titre Ma poussette et moi, Ayako Suédomi est exposée à Paris dans une salle de la crèche des Petits
du Canard. Une nouvelle vocation qui donnera peut-être des idées
à d'autres crèches.
Crèche des Petits du Canard. 56, rue Charlot, 75003. Jusqu'au 30/12. Visites sur rendez-vous, en fin de semaine. Tél. : 01 42 71 73 18.
On peut aussi se procurer l'album de l'exposition, que