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Libération
Critique

Zimerman, sur le bout des doigts

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publié le 21 décembre 2000 à 8h22

On fait difficilement plus rigoureux et analytique que Zimerman aujourd'hui. Il y a deux ans son enregistrement des deux Concertos pour piano et orchestre de Ravel ravissait de précision dans les gradations dynamiques, de variété des éclairages, de justesse des coloris. L'an dernier, le «perfectionniste» livrait, toujours chez Deutsche Grammophon, sa lecture des deux Concertos pour piano et orchestre de Chopin, avec le Polish Festival Orchestra constitué spécialement pour cette occasion, en visionnant 450 vidéos et auditionnant 100 musiciens, pour en choisir 55 partageant sa conception «authentique» de Chopin, aux antipodes du staccato devenu la norme internationale. Après avoir irrité d'un Beethoven presque webernien, quelques mois auparavant, il fallait alors l'entendre diriger l'orchestre depuis son piano ­ qu'il transporte aux quatre coins de la planète et fait accorder minutieusement ­, chercher dans le tenuto et le vibrato, les traits d'archets et les doigtés, l'identité perdue de l'ère Cortot et Mengelberg. Ce soir et demain, l'enfant de Katowice, qui remporta en 1975, à l'âge de 18 ans, le concours Chopin de Varsovie, entama au disque et au concert une collaboration remarquable avec Bernstein, Giulini et Karajan, et fut il y a quelques années dédicataire du Concerto de Lutoslawski, est invité de l'Orchestre de Paris avec qui il donne le Concerto n°2 de Rachmaninov. On ne rate pas un artiste qui limite délibérément ses concerts à une cinquantaine par an.

Salle Pleyel.