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Libération
Critique

Dandy dogs

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publié le 22 décembre 2000 à 8h24

«Les chiens n'ont qu'un défaut: ils croient aux hommes.» Le destin de la petite chienne manchon du nabab de Junagadh illustre cet aphorisme. Le prince indien, qui avait pour habitude de la promener dans un palanquin d'argent, prit la décision de la marier à un golden retriever, conviant 50 000 hôtes à la cérémonie. Le molosse était de «bonne famille», mais... molosse. Le musée de la Chasse et de la Nature consacre à l'animal de compagnie une exposition à la fois sérieuse et pittoresque. On y apprend comment les chiens de chasse deviennent animaux d'agrément. Comment la Renaissance et l'époque classique gadgétisent le chien avec une ironie aujourd'hui disparue. La représentation du caniche faisant le beau devant sa niche par le peintre Jean-Jacques Bachelier (1768) touche au sublime dans la mièvrerie. Un des derniers du genre, puisque le romantisme rompt avec les toutous drolatiques et sophistiqués pour exalter les représentants d'une nature exemplaire. L'art s'applique à rendre les «sentiments» du chien à l'image de ce portrait de bouledogue par Géricault. Et se concentre sur les accessoires. Ces colliers, propriété d'un mystérieux collectionneur anglais, aux armes du comte d'Orsay, celui du chien de Dickens (Bouncer), de Pauline Borghese ou de Robert de Montesquiou. La scénographie du décorateur Jacques Garcia accentue le kitsch de l'exposition avec ses vitrines aux lignes baroques. Elles accueillent les chiens en porcelaine, ces figurines rococo de carlins ou épagneuls bol