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Libération

Les sonneurs du silo ont un grain.

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publié le 22 décembre 2000 à 8h22

Les idées farfelues, c'est leur rayon. L'an dernier, le duo canadien The User avait déjà commis l'improbable Symphonie pour imprimantes matricielles, douze antiquités au couinement mécanique activées par d'approximatifs ordinateurs, ressuscitées pour quelques concerts techno-indus mémorables (Libération du 28 mai 1999). Avec le Silophone, Thomas McIntosch et Emmanuel Madan confirment leur goût immodéré pour les vieilleries en transformant en instrument à musique un ancien élévateur à grains construit en 1906 en plein coeur de Montréal et laissé à l'abandon depuis sa fermeture en 1996. Lors d'Interférences, festival international d'arts multimédias qui s'est achevé mercredi à Belfort, The User ont fait résonner le silo n° 5 pendant 25 minutes: en guise de prélude, Thomas, armé d'une cruche, laisse tomber une goutte d'eau dans un verre. Le son produit est directement envoyé par Internet dans le silo à 6 000 kilomètres de là et revient aux oreilles du spectateur avec une réverbération de 20 secondes, transformant le «floc» inaudible en tempête aquatique. «Le silo n° 5 a une acoustique inouïe», s'enthousiasment les compères qui ont découvert cette chambre de résonance exceptionnelle lors d'une descente en rappel dans l'un des 115 cylindres en béton de 30 mètres de profondeur. Plutôt que d'en profiter égoïstement, ils décident de mettre le joujou à disposition des internautes pour transformer cet entrepôt de grains en réservoir sonore. Quelques haut-parleurs et micros, une connex